De la poésie contemporaine algérienne
Tahar DJAOUT
(Né le 11 janvier 1954 à Oulkhou – assassiné le 2 juin 1993 à Alger)
Poète, romancier, mathématicien, journaliste algérien francophone. L’un des premiers intellectuels assassinés en 1993, lors de la « décennie du terrorisme. »
[je pense à Feraoun]
je pense à Feraoun (1)
sourire figé dans la circoncision du soleil
ils ont peur de la vérité
ils ont peur des plumes intègres
ils ont peur des hommes humains
et toi Mouloud tu persistais à parler
de champ de blé pour les fils du pauvre
à parler de pulvériser tous les barbelés
qui lacéraient nos horizons
(…)
un jour enfin Mouloud la bonté triompha
et nous sûmes arborer le trident du soleil
et nous sûmes honorer la mémoire des morts
car
avec
tes mains glaneuses des mystères de l’Aube
et ton visage rêveur de barde invétéré
tu as su exhausser nos vérités
écrites en pans de soleil
sur toutes les poitrines qui s’insurgent
Extrait de « L’Arche à vau l’eau », Ed. Saint-Germain-des-Prés, 1978.
- Mouloud Feraoun est un écrivain algérien kabyle d’expression française né le 8 mars 1913 à Tizi Hibel en Haute Kabylie. Il a été assassiné à Alger avec ses confrères inspecteurs des Centres Sociaux Educatifs, Marcel Basset, Ali Hammoutene, Maxime Marchand, Salah Ould Aoudia, Robert Eymard, par l’OAS le 15 mars 1962.