Mariléna Blog Littéraire

  • Accueil
  • BIENVENUE
  • DE MOI…
  • ME CONTACTER

Panait Istrati dans mes souvenirs

Posté le 19 avril 2016 Par Marilena Publié dans 06. VUES DE L'ODÉON, 06.A. AB OVO... .

De Panaït Istrati, 81 ans après son voyage eternel…

"Le tapis volant de la Teïenne", par Diana Adriana, Sulina, 2011

« Le tapis volant de la Teïenne », par Diana Adriana, Sulina, 2011

 

Je l’ai connu très jeune, dans mon village, à travers les lectures de ma mère qui, considérablement impressionnée par le vécu de son personnage Adrien Zograffi, a baptisé mon petit frère de ce prénom, sans que notre père proteste. A-t-elle peut-être mêmement reconnu dans l’existence de l’écrivain des épisodes de sa propre existence ? Vu les origines ottomans de mon grand-père ?         

Mon frère et moi sommes grandis baignés de l’esprit de la bibliothèque de nos parents, dominée par l’œuvre de ce natif  danubo-braillois qui nous a influencés plus tard, pareil à l’éducation de nos parents, d’une manière assez subtile, les choix de vie. Tout d’abord l’étrange détermination de mon frère de s’installer dans le Delta du Danube, à la fin de ses études de Médecine, suivis auprès d’une université bucarestoise. Personne de notre famille ne pouvait comprendre cette passion à lui pour le Delta, le seul coin de notre pays où nous n’avons jamais mis les pieds lors des vacances passées avec nos parents en fin d’été, loin de notre petit village, toujours du 24 août au 7 septembre.  

Maintenant, mon propre vécu parisien m’interpelle. Car si Panaït Istrati se retrouve dans mes souvenirs, il demeure à l’heure dans mon présent parisien. Au moins depuis que sa « Kyra Kyralina » veuille les nuits de ma chambrette. Au moins depuis que ce récit m’est revenu en français au bout de décennies. Je l’ai reçu en cadeau le lendemain des Pâques catholiques, le 28 mars passé… J’ai déploré les mots qui ont accompagné la sacré remise du cadeau… « Je ne sais pas si tu connais cet auteur roumain… », me dit-il,  mon Mécène imprévu. Connaître ?! Hélas ! Je l’ai vécu ! Et je le vis encore…

Je mène même depuis un réel temps, une vie fortement semblable à celle-là de cet irremplaçable maître spirituelle qui me fut Panaït Istrati lors des années heureuses de mon enfance. Il demeure en symbiose avec toute mon enfance, mes souvenirs de fillette et la passion de ma mère pour sa lecture. L’arrivée de ce livre m’a plongé dans mes songes d’enfant arrosés par la séduction de la voute des nuits d’été, par la blancheur du manteau de neige, par le parfum d’absinthe du savon préparé par les mains de ma mère, par le saule-pleureur qui ombrait le vert de nos dimanches sur le petit pâturage de la famille et le bleu-opaque des ondes du ruisseau de Mozakoù… L’arrivée de Panaït Istrati dans ma chambrette vient d’influencer de nouveau mon chemin, ma voie, mon étoile…  

J’ajoute ci-contre, en hommage à ma mère, une brève présentation biographique de l’écrivain qu’elle tant aimé, juste pour rafraîchir notre propre mémoire :

Né à Braila, sous le signe du Lion, de mère roumaine et de père grec, le 11 août 1884, Panaït Istrati représente l’accomplissement du chemin d’un grand voyageur ainsi que du travail d’un chroniqueur rebelle de son époque, du journaliste, de l’écrivain bilingue, français-roumain. Une phtisie, rebelle comme lui, incurable à l’époque, lui a éteint à jamais la curiosité vertueuse de ses yeux spécifiques aux gens des Balkans, le 16 avril 1935. La mort l’a trouvé en paix avec soi-même, avec la disparition du Levant de son enfance, avec les contraints d’un Occident déboussolé à l’aube de l’arrivée de la Seconde Grande Guerre, sur le sol de la capitale du pays de ses ancêtres maternels, Bucarest… Il y a 81 ans…   

Séduit par l’inconnu de l’au-delà de la ligne de l’horizon, il a quitté son Braila à ses 20 ans, pour vivre un peu partout : en Roumanie – de Bucarest à Constantza, en Egypte, Syrie, Italie, Liban, Palestine, France, Suisse, Union soviétique, Grèce. Ses séjours ailleurs furent entrecoupés par nombre de retours en Roumanie.

A la fois syndicaliste et romantique, de personnalité ouverte, passionnelle, il me semble un admirable nomade de regard sociologique et d’affection réflexive sur le destin des mortels, un bonhomme en quête de chaleur humaine.

J’oserai diviser ses multiples voyages en deux parties, ayant pour critère le changement géopolitique provoqué dans l’Empire ottoman et en Europe, par la Grande Guerre de ’14 – ’18 : les errances levantines de jeunesse et les errances occidentales de sagesse, toujours arrosées par les contes du Danube et de la Mer Noire.

Les « errances levantines de jeunesse » lui ont inspiré les récits du début des années 20, qui reconstruisent sa rencontre avec le mouvement socialiste ainsi que la traversée des pays sans frontières de l’Empire Ottoman.

Lors de ses « errances occidentales », ses yeux et ses tripes continuent sa traversée d’un nouveau monde européen contrarié et irréversiblement renversé par l’irruption des communistes et des fascistes, tous annonçant, les uns que les autres, lors de la propagande d’entre les deux guerres, « l’homme nouveau » au « visage humain. » Aux confins de ce monde nouveau, deux pays contradictoires le monopolisent : la France et l’Union soviétique.

Panaït Istrati a vécu si tumultueux et omniprésente que ses biographes n’ont pas réussi se mettre entièrement d’accord sur la chronologie de ses faits. Pourtant, il y a un certain accord tacite portant sur ses derniers huit ans de vie.

Suite à ses va-et-vient en Union soviétique, de Moscou à Kiev, à côté parfois de Nikos Kazantzakis, de 1927 à 1929, il dévoile, une fois de retour en France, dans ses écrits, les réalités de la satrapie stalinienne… Sujet d’une campagne calomnieuse menée à son encontre par ses vieux camarades communistes français, notamment Henri Barbusse, il retourne en Roumanie d’où fait des allers-retours entre Bucarest et Nice, pour soigner sa maladie impitoyable.

Visionnaire et humaniste, pressentant peut-être l’arrivée de la fin de sa vie, il consacre son temps aux articles d’analyses sociales parues dans la revue « La croisade roumaine ». Ce que lui a attiré l’épithète de « fasciste » attribué par les communistes, et celui-là de « cosmopolite, réactionnaire » par les autorités des pays déchirés par la confrontation de ces deux grands groupes apparemment opposés, les communistes et les fascistes, ayant toutefois le même but : obtenir le pouvoir (totalitaire).

Les confrères le surnommaient « Gorki des Balkans »…

Œuvre littéraire éditée en France

(sélectif)

Récits d’Adrien Zograffi : Kyra Kyralina, 1923 ; Oncle Anghel, 1924 ; Présentation des haïdoucs, 1925 ; Domnitza de Snagov, 1926 ;

Le Refrain de la fosse. Nerrantsoula, 1927

Les Chardons du Baragan, 1928

 Mes Départs, 2005 (Éditions Hâtier Poche)

Articles dans « Les Nouvelles Littéraire ».

Tags : Le Danube, Le Delta du Danube, Mozacu (Mozakoù), Panait Istrati, Panaït Istrati - 81 ans après sa mort .
« Panaït Istrati, « De l’être humain »
Fanus Neagu sur le site de la « Literatura de azi » »

Laisser un commentaire

Laisser un commentaire Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Mes pages

  • DIPLÔMES de MERITE
  • FACEBOOK
  • PARTENAIRES
  • OUVRAGES

Publicité

Catégories

  • 01. ATELIER (325)
  • 01.A. Poésie (125)
  • 01.A.1. Monostique (4)
  • 01.A.2 Distique (5)
  • 01.B. Prose (26)
  • 01.C. Soliloques. Pensées. Réflexions (164)
  • 01.D. Théâtre (2)
  • 01.E. Contes. Contes roumains (15)
  • 01.F. Glossaire (16)
  • 01.G. Journal intime (101)
  • 01.H. Articles. Reportages (51)
  • 01.I. INTERVIEWS (19)
  • 01.I.1. Là, c'est moi qui réponde… (8)
  • 02. TRADUCTIONS (87)
  • 02.1. En roumain (62)
  • 02.1. Poésie turque (5)
  • 02.2. En français (18)
  • 02.3. Revue Poezia (8)
  • 02.3.2012 Nr. 59 (1)
  • 02.3.2013 Nr. 64 (1)
  • 02.3.2016. Nr. 76 (4)
  • 03. LIVRES PARUS (25)
  • 03.A. Anthologies (9)
  • 03.B. Sous mes soins (11)
  • 03.C. Ils ont dit de moi : (14)
  • 03.D. Préfacés par moi-même (2)
  • 04. LITTER AGENDA (66)
  • 04.1. RECITALS POETIQUES (30)
  • 04.3. Festivals. Salons (47)
  • 05. NOTES DE LECTURE (84)
  • 05.1. Histoire (58)
  • 05.B. Bibliothèque Odéon (110)
  • 06. VUES DE L'ODÉON (353)
  • 06.A. AB OVO… (44)
  • 06.A. PARIS ET MOI (97)
  • 06.B. ROUMANIE et MOI (43)
  • 06.C. DE MON AFRIQUE (10)
  • 06.C. Photothèque (34)
  • 06.D. Odaia cu Poeţi (5)
  • 13. LAM de FRANCE (Les Arts Métis de France) (55)
  • 14. BIBLE (7)
  • 15. ART AFRICAIN CONTEMPORAINE (5)
  • 15.1. PEINTURE (3)
  • 15.2. SCULPTURE (3)

Articles récents

  • Poveţe pentru nepoatele mele. Pilda trezitului din somn
  • Rûmi (citate)
  • Rûmi (extraits)
  • Platon (citate)
  • Platon (extraits)
  • Sfaturi pentru nepoatele mele. Pilda ramului uscat
  • AUGUSTIN LUCICI (1956-2020)
  • Patruzeci de dimineţi pentru Athanase Vantchev de Thracy (8)
  • Patruzeci de dimineţi pentru Athanase Vantchev de Thracy (7)

Facebook

facebook marilena

Marilena Lica-Masala
est sur Facebook.

This message is only visible to admins.

Problem displaying Facebook posts.

Click to show error
Error: (#803) Some of the aliases you requested do not exist: Lulli.licamasala
Type: OAuthException

Archives

  • décembre 2020 (7)
  • octobre 2020 (10)
  • septembre 2020 (1)
  • juin 2020 (8)
  • mai 2020 (12)
  • avril 2020 (3)
  • mars 2020 (11)
  • février 2020 (7)
  • janvier 2020 (2)
  • décembre 2019 (7)
  • novembre 2019 (7)
  • juillet 2019 (1)
  • juin 2019 (5)
  • mai 2019 (11)
  • avril 2019 (31)
  • mars 2019 (14)
  • février 2019 (1)
  • décembre 2018 (2)
  • novembre 2018 (13)
  • octobre 2018 (8)
  • septembre 2018 (7)
  • août 2018 (16)
  • juillet 2018 (36)
  • juin 2018 (19)
  • novembre 2017 (1)
  • octobre 2017 (2)
  • septembre 2017 (2)
  • août 2017 (4)
  • juillet 2017 (1)
  • juin 2017 (2)
  • avril 2017 (3)
  • mars 2017 (7)
  • février 2017 (9)
  • janvier 2017 (21)
  • décembre 2016 (3)
  • novembre 2016 (17)
  • octobre 2016 (23)
  • septembre 2016 (27)
  • août 2016 (13)
  • juillet 2016 (42)
  • juin 2016 (46)
  • mai 2016 (24)
  • avril 2016 (39)
  • mars 2016 (47)
  • février 2016 (27)
  • janvier 2016 (27)
  • décembre 2015 (42)
  • novembre 2015 (19)
  • octobre 2015 (22)
  • septembre 2015 (29)
  • août 2015 (38)
  • juillet 2015 (37)
  • juin 2015 (49)
  • mai 2015 (33)
  • avril 2015 (31)
  • mars 2015 (103)
  • mars 2014 (2)
  • février 2014 (3)

Calendrier

avril 2021
L M M J V S D
 1234
567891011
12131415161718
19202122232425
2627282930  
« Déc    

Commentaires

  • Marilena dans Interview de Lina Stern
  • Serge Dumaine dans Interview de Lina Stern
  • beguin alain dans De la Nuit des Débats à l’Atelier Francis Mbella
  • Marilena dans Micaela Ghiţescu sau voinţa de a merge până la capăt…
  • Nicolae Petrescu-Redi dans Micaela Ghiţescu sau voinţa de a merge până la capăt…

Visiteurs

Étiquettes

"Fleuvitude" Aimé Eyengué Alain Juppé Athanase Vantchev de Thracy Aurel Sibiceanu Bucarest Bucuresti Buzau Carmen Salub Centrul Cultural Pitesti Congo-Brazzaville Diana Adriana Emil Lungeanu Eric Meyleuc France Francis Mbella Gabriela Zavalas Guy Cétoute Iasi Ilzi Sora Ivanka Paul Jean-Paul Abulker Jean Dumitrascu Joël Conte Lina STERN Maggy de Coster Marilena Lica-Masala Marin Ifrim Marius Chelaru Mona Vâlceanu Nicolae Cosmescu Nicolae Rosu Paris Pedro Vianna Pitesti Poem poème Poésie Roumanie Soliloc Sonia Elvireanu Steluta Istratescu Teiu Thomas N'Dangani MAVAMBU Vladimir Streinu

Pages

  • BLOG
  • FACEBOOK
  • OUVRAGES
  • PARTENAIRES
  • ME CONTACTER
  • BIENVENUE
  • DE MOI…
    • DIPLÔMES de MERITE

Archives

  • décembre 2020
  • octobre 2020
  • septembre 2020
  • juin 2020
  • mai 2020
  • avril 2020
  • mars 2020
  • février 2020
  • janvier 2020
  • décembre 2019
  • novembre 2019
  • juillet 2019
  • juin 2019
  • mai 2019
  • avril 2019
  • mars 2019
  • février 2019
  • décembre 2018
  • novembre 2018
  • octobre 2018
  • septembre 2018
  • août 2018
  • juillet 2018
  • juin 2018
  • novembre 2017
  • octobre 2017
  • septembre 2017
  • août 2017
  • juillet 2017
  • juin 2017
  • avril 2017
  • mars 2017
  • février 2017
  • janvier 2017
  • décembre 2016
  • novembre 2016
  • octobre 2016
  • septembre 2016
  • août 2016
  • juillet 2016
  • juin 2016
  • mai 2016
  • avril 2016
  • mars 2016
  • février 2016
  • janvier 2016
  • décembre 2015
  • novembre 2015
  • octobre 2015
  • septembre 2015
  • août 2015
  • juillet 2015
  • juin 2015
  • mai 2015
  • avril 2015
  • mars 2015
  • mars 2014
  • février 2014

Catégories

  • 01. ATELIER (487)
    • 01.A. Poésie (126)
      • 01.A.1. Monostique (4)
      • 01.A.2 Distique (5)
    • 01.B. Prose (26)
    • 01.C. Soliloques. Pensées. Réflexions (164)
    • 01.D. Théâtre (2)
    • 01.E. Contes. Contes roumains (15)
    • 01.F. Glossaire (16)
    • 01.G. Journal intime (101)
    • 01.H. Articles. Reportages (51)
    • 01.I. INTERVIEWS (21)
      • 01.I.1. Là, c'est moi qui réponde… (8)
  • 02. TRADUCTIONS (92)
    • 02.1. En roumain (62)
    • 02.1. Poésie turque (5)
    • 02.2. En français (18)
    • 02.3. Revue Poezia (8)
      • 02.3.2012 Nr. 59 (1)
      • 02.3.2013 Nr. 64 (1)
      • 02.3.2016. Nr. 76 (4)
  • 03. LIVRES PARUS (43)
    • 03.A. Anthologies (9)
    • 03.B. Sous mes soins (11)
    • 03.C. Ils ont dit de moi : (14)
    • 03.D. Préfacés par moi-même (2)
  • 04. LITTER AGENDA (114)
    • 04.1. RECITALS POETIQUES (30)
    • 04.3. Festivals. Salons (47)
  • 05. NOTES DE LECTURE (189)
    • 05.1. Histoire (58)
    • 05.B. Bibliothèque Odéon (110)
  • 06. VUES DE L'ODÉON (477)
    • 06.A. AB OVO… (44)
    • 06.A. PARIS ET MOI (97)
    • 06.B. ROUMANIE et MOI (43)
    • 06.C. DE MON AFRIQUE (10)
    • 06.C. Photothèque (34)
    • 06.D. Odaia cu Poeţi (5)
  • 13. LAM de FRANCE (Les Arts Métis de France) (55)
  • 14. BIBLE (7)
  • 15. ART AFRICAIN CONTEMPORAINE (6)
    • 15.1. PEINTURE (3)
    • 15.2. SCULPTURE (3)

WordPress

  • Connexion
  • WordPress

CyberChimps WordPress Themes

© Mariléna Blog Littéraire