Mon âme allait à la conquête de l’amulette de l’amour
Mon âme porte dans ses tripes la ténacité d’un chevalier errant d’antan qui allait à la quête de l’amulette de l’amour et de la vie sans mort, prêt à tout supporter.
Ces jours passés, j’ai vécu le frémissement de ce chevalier à qui, traversant le désert des souffrances, déceptions, périls, désenchantements, imprévus, une oasis se met soudainement en travers, à la tombée de la nuit.
De ses ombres découronnées, une main tendue se lève, lui offrant un bol de soupe chaude.
Recevant l’offrande, ses doigts errants touchent par hasard, autour de la chaleur du bol tout amical, les doigts de l’hôte, dans une immense gratitude non avouée.
Rien n’est plus fraternel que le silence de cette touche éphémère, non enchaînée…
Ce bol chaud lui a fait manquer un instant la maison, le tout ce qu’il a laissé.
Toutefois, son destin est le chemin, peu importe la durée, l’insécurité, peu importe le nombre de ruelles de son errance à la conquête de ce talisman enchanté sans lequel il ne peut plus retourner nulle part.
deTeiu,
Paris, le 15 mai 2020
Illustration : Lina Stern, La Mer Noire