J’arrive dans mon pays
J’arrive dans ce pays des miens
Il m’embrasse comme un des siens
Il me prend dans ses bras
Avec ses amas de fatras
Champs-de-Mars dans un décor futuriste
Resplendit d’une anarchiste beauté
A l’aurore plein de crépuscules matinaux
Port-au-Prince s’éveille pour des rafistolages
Un soleil hallucinant brille sur Cité-Soleil
Les enfants en haillons dorment d’un lent sommeil
Comme dans un camp de la mort
Au flanc de ma ville, Cité-soleil est suspendue
Comme un matamore
A midi plein elle fend l’omoplate
De notre droite rectiligne
Les souffrances humains sont ma lignes
Le vieil Apollon assis dans son lugubre fauteuil
Fixe des désoeuvrés lampadaires en guenilles
Comme un microscope fixe les microbes
Les mouches dansent dans des flaques d’eau
Formant un miroir rectangulaire déformant
Du recueil Les palais du chagrin, Poésie, préface de Antoine Fritz PIERRE, Montmorency, les Astrinoibés Editions, 2018