Jean-Robert Léonidas, traduit en roumain par Marilena Lica-Masala, revue POEZIA, Iasi, juin 2014.
Depuis ma Jérémie natale, dans le sud-ouest d’Haïti, dans le sud-ouest d’Haïti, où les saisons s’entrecroisent sans heurt et l’équinoxe est moins frappant, merci à Marilena pour son bonjour poétiquement ensoleillé et bon anniversaire à son frère le talentueux médecin (un collègue entre parenthèse).
J’ai reçu en effet la visite de « son » pigeon porteur de soleil. Et j’ai lu à son oreille « Je vous salue mesdames.. » Avez-vous entendu le poème ? Le lire en tout cas ci-dessus.
Mille mots de poésie à vous tous, chers amis !
Je vous salue tous ! « Je vous salue mesdames » >>
Jean-Robert Léonidas
Jérémie, samedi le 22 mars 2015
P.S. Haïti c’est le pays natale d’un autre illustre poète, toujours médecin, Jean Métellus
(né le 30 avril 1937, à Jacmel d. le 4 janvier 2014, à Paris) – un ami de la poésie roumaine
et de nos anthologies ARC (Afrique-Roumanie-Caraïbes).
Prix Benjamin Fondaine, remis par l’Institut Culturel Roumain de Paris, Jean Métellus nous a fait l’honneur de nous
recevoir chez lui, dans son bureau – bibliothèque de la banlieue parisienne, et d’accepter un entretin pour
la revue POEZIA de la ville de Iasi, ainsi que de nous donner son accord et l’accord de son éditeur,
pour lui traduire des poèmes pour la première anthologie français-roumain de ma série
« Voix sans frontières. Voci fara hotare », 55 poètes de cinq continents, Paris, Le Scribe l’Harmattan, 2010,
dont 10 poètes haïtiens, parmi lequelles : Maggy de Coster, Guy Cétoute, dr. Daniel Talleyrand (Note de MLM).
Je vous salue mesdames
Je te salue d’abord compagne de ma vie,
De mes mains adoucies à l’onction du ricin,
De ma fièvre mesurée aux degrés de ton sang.
J’arpente ta nuque parfumée aux épices,
Comme un parterre d’anis,
D’herbe à clous de mélisse.
Mon nez s’aventure
Dans les quartiers de tes senteurs,
Mes doigts à la lisière
De tes cheveux et de tes sens,
Cherchent encore des accords
Sur la tablature de ton cou.
Pour te dire bonjour,
Le dos de ma guitare est devenu tambour,
Tandis que mon archet saupoudré de résine
Déchire tendrement la chair de ton violon
Il fait bon chez nous
Il fait doux
Mais dehors des voix s’animent
Dans le matin sublime
L’éclat des machettes sur le sol rocailleux
Sonne le glas de ma musique mineure
Chante le libéra
Des chansons inutiles.
J’ai assez vécu
Pour être convaincu,
Pour un peu de bonheur
J’intègre l’ordre majeur
Des femmes d’Haïti
Filles de mon pays
J’arrête d’être fourbe
Devant vous je me courbe
J’apporte des sceaux d’eau à votre grand moulin
Je m’allie volontiers à votre œuvre féconde
Et voudrais ajouter un rayon masculin
À votre roue motrice qui fait marcher le monde.
Libératrices du ventre
Vous êtes bien au centre
De tous les univers
Et de ma propre sphère
Batteuses de millet
Faiseuses de beignet
Râpeuses de manioc empilant la cassave
Lessiveuses du bourg donnant vie aux enclaves
Nettoyeuses de mil de café de coton,
Je vous salue de mon bourdon
Roucoulant au diapason
Des flûtes en bambous qui vaccinent
Contre la déprime.
À vous toutes citoyennes de paix,
Je dédie ce haut chant
Tandis que je convoque tout citoyen refait
À revenir aux champs
Soutenir la besogne
Sans malaise sans grogne.
Extrait du recueil « Parfum de Bergamote », Montréal 2007
N.B. J’ai traduit et publié dans les pages de la revue POEZIA de la ville de Iasi,
quelques poèmes de Jean-Robert Léonidas, en roumain, mai-juin 2014.
A ce sujet, merci de consulter le lien : http://poezia.usriasi.ro/?p=566