Marilena Lica-Masala
en dialogue
avec
Lina Stern
calligraphe, artiste photographe
Motto
« L’asémique est rythme, couleur, mouvement,
design, information, sensualité »
Lina Stern
Marilena Lica-Masala : Parles-nous un peu de toi, Lina.
Lina Stern : Je suis née en hiver, le 5 Janvier dans la ville de Svetlovodsk, ville avec une grande rivière qui en français signifie « l’eau claire ». C’est peut-être pour cela que la lumière et l’eau m’influençaient et m’inspiraient toute ma vie. Je suis née déjà en train de peindre, de sentir la couleur, de vivre et de danser. J’ai amené mon propre monde avec moi et je n’ai pas beaucoup cédé à l’éducation, c’était incontrôlable. Enfant tendre mais terrible.
–Peux-tu nous confier qu’est-ce qui t’a amené à la calligraphie et la photographie artistique ?
-Calligraphie, photographie, graphisme, design, littérature, céramique, danse… L’art est un espace naturel ou je me réalise avec légèreté. Je n’ai rien fait de spécial, sauf que j’ai acheté un appareil photo, de l’encre et du papier en ce qui concerne la calligraphie et de la photographie.
–Ton art porte à son cœur les asémiques. Qu’est-ce que c’est un asémique ? T’en es-tu formée en autodidacte ?
-La calligraphie asémique, pour moi, est une sorte des beaux-arts avec laquelle je peux explorer mon monde sensuel, émouvant, en constante évolution. Parfois, la calligraphie est une touche, faisant partie d’un champ joyeux coloré. L’asémique peut être présenté comme le texte des lettres noires sur un papier blanc. Il peut s’agir d’objets circulaires dans lesquels le mouvement part du centre. En tout cas, l’asémique est rythme, couleur, mouvement, design, information, sensualité. Mon travail d’écriture n’est pas automatique, car je sens les lignes et les lettres. J’ai découvert cet art par accident… Durant huit ans, j’ai dessiné des lignes, des formes et des signes incompréhensibles pour tout le monde. Mais ensuite, par hasard, j’ai trouvé sur Internet un groupe d’artistes, poètes, designers, musiciens qui peignent de la manière similaire, créant des pièces uniques, des images expérimentales. Et j’étais très contente de ce fait !
–Comment as-tu commencé à t’intéresser à la photographie de la nature, aux portraits de fleurs, ombres, pierres, rarement d’animaux et plus rarement de silhouettes humaines ? Pourquoi avoir choisi tous ces thèmes ?
-Prendre des photos de la nature, créer des portraits de s fleurs, des arbres, des pierres… Les chats qui dorment au soleil ou les chiens souriants, c’est facile pour moi, car c’est un monde ouvert et convivial. Il est plus difficile de faire des portraits des personnes. Moi et mes modèles avons beaucoup de rôles, de masques et de protections. Mais je souhaite développer en tant que portraitiste et photographe, le jeu de lumière sur les visages des gens.
–Depuis peu de temps, tes photographies surprennent différents personnages dans la vie de tous les jours, notamment les vagabonds (les sans domicile fixe). Les préviens-tu que tu vas les photographier ?
-Oui, moi-même j’ai été surprise d’avoir trouvé ce sujet parmi les fleurs, les jardins et les images de la mer sans fin. De quoi s’agit-il ? Je n’ai pas encore de réponse à cette question. Dans tous les cas, « mes » sans-abri sont des personnes colorées et contemplatives qui ont préservé miraculeusement leur monde et vivent dans la rue. À certains égards, nous nous ressemblons … Dans les photographies, je veux préserver leur détachement, leur puérilité et une certaine folie, donc Je ne préviens pas de vouloir les photographier. Mais je ne dérange pas les personnes endormies, malades ou sans défense avec mon appareil photo. Dans le meilleur des cas, je partagerai avec eux de la nourriture ou de l’argent, si je l’ai ou passe.
–Tes œuvres dissimulent parfois le bonheur de vivre. Est-ce que c’est le reflet de ton âme ?
-Je suis sûr que le bonheur est l’essence de la vie. Au départ, nous sommes tous heureux.
–Dans tes paysages, tu laisses une grande place au mystère, tout comme à la rêverie. Es-tu une romantique ?
LS: Non, je ne me sens pas comme une romantique et j’essaie, dans la mesure du possible, de transmettre avec précision l’état du paysage, tout en maintenant un silence intérieur: ne pas romantiser, même ne pas diaboliser la réalité. Quand il y a un arbre devant moi, j’essaie de devenir arbre, quand il y a la mer – je suis la mer… J’ai appris cela des maîtres anciens japonais qui prétendaient que si vous voulez dessiner un oiseau, devenez oiseau. Soit dit en passant, la culture japonaise, la poésie, la littérature, la musique, la calligraphie ont eu un impact énorme sur moi.
–Il semble que tu aimes plutôt la photographie en couleur que en noir et blanc. Comment expliques-tu cette préférence ?
-La photographie en noir et blanc à mon avis est la plus haute forme de la maîtrise. Je ne peux que viser une telle clarté, précision et perfection, que l’on peut voir sur les photographies d’Henri Cartier-Bresson, Helmut Newton et bien d’autres..
–Parfois, la lumière, les ombres, l’image de tes œuvres que tu les rassembles dans un sort de montage contrastant, demeurent sous le signe du symbolisme. Est-ce que cette tendance est liée à ton séjour à Paris ?
-Paris est une belle ville sensuelle dans laquelle la beauté et l’amour brillent dans l’air avec de la poussière solaire, qui m’a donné l’eau rose de la Seine du matin, des cygnes blancs comme la neige flottant au soleil levant… Trois jours dans le plus artistique quartier – le Marais… Promenades au long du fleuve. Des Ponts, les ponts… Chansons africaines ensoleillées dans le métro. Cette ville m’a donné une connaissance mystique avec deux artistes, Marilena et Dorota, maintenant elles sont mes amies. Ce sont des symboles de bonheur ! Invitée à Paris, j’y serai de retour.
–Quels sont les maîtres photographes qui influencent tes travaux artistiques ?
-Je suis reconnaissante à deux photographes français Joseph Nicéphore Niépce (Point de vue du Gras, 1826) et Louis Daguerre (Boulevard du Temple, 1838), qui ont inventé la photographie et donné au monde une incroyable opportunité de peindre avec la lumière. Je suis inspirée par cette forme d’art. Et regarder des photos de nombreux grands et simples photographes est mon rituel quotidien. J’aime ça.
–Quelles sont-elles les difficultés quotidiennes de la femme Lina Stern ? Peut-elle une artiste photographe et calligraphe vivre de son art actuellement ?
-Je vis au bord de la mer et chaque jour je suis heureuse à ma façon. Ma vie n’est pas très difficile. Un calligraphe et un photographe peuvent-ils vivre de leur art ? Ma réponse oui. Par exemple, ma calligraphie asémique s’intègre idéalement dans les intérieurs de n’importe quel style. Ainsi que des photos de la nature qui ressemblent à des fenêtres vivantes sur les murs, donc c’est à vendre.
–Nos lecteurs aimeraient acheter de tes œuvres. Peux-tu nous renseigner les prix de vente et où en peuvent-ils les trouver ?
– Je remercie nos lecteurs de leur intérêt pour mon art. Cette année, je porte une attention particulière à rendre mon travail plus accessible aux collectionneurs et à toute personne intéressée par la calligraphie, la photographie et le design. Pour le faire, je publie presque tous les jours de nouvelles photos dans mon compte personnel Facebook. J’ai aussi un site internet. Le projet ArtEco a une page sur Facebook et vous pouvez voir ici la calligraphie, les photographies, les mandalas et les objets d’art pour la décoration intérieure. Dans Instagram il y a une page spéciale pour les collectionneurs qui s’intéressent à la petite calligraphie et aux objets d’art de cette année.
Certaines œuvres peuvent être vues et achetées lors d’expositions en Europe. Cette année, je prévois de créer une boutique en ligne où il sera pratique de voir et d’acheter non seulement des originaux mais encore des copies de droits d’auteur d’une édition limitée. J’offre pareillement un service unique – c’est un portrait asémique. Sur un beau papier de 50 x 50 cm, avec le brillant des crayons de couleur, d’or, d’argent, de l’encre. Je peins la beauté de l’âme d’une personne, son vrai portrait.
- Un mot, Lina, pour nos lecteurs, roumains pour la plupart aux quatre coins de la terre.
– La Roumanie, une belle terre ancienne avec laquelle l’Ukraine, le pays où je vis maintenant, a une frontière maritime et terrestre. Nous sommes très proches ! Nous sommes voisins ! Je respecte le caractère roumain et je me suis pleinement convaincue de la convivialité, de la générosité, de la capacité roumaine de coinquiéter lorsque j’ai rencontré Marilena, dans des circonstances où j’avais besoin d’aide ! Et je l’ai compris ! Je m’en souviendrai toujours ! C’est aussi une joie de réaliser que mon art est une occasion pour des échanges culturels entre nos pays et les gens. Je souhaite à tous ceux qui liront le texte de cette interview d’être heureux, légers et créatifs, même s’il n’y a pas de raison particulière à cela et rappelez-vous que l’essence de la vie est le bonheur! Merci beaucoup !
Mercie, Marilena, infiniment. Les questions profondes de cette interview ont exigé de l’honnêteté, de l’ouverture de coeur de ma part et m’ont fait réfléchir sur qui je suis et ce que je fais. Il s’agit d’une expérience inestimable. Je remercie sincèrement mon amie Eugénie d’avoir rédigé la version française de mes réponses.
Paris, Odessa, 22 mai – 10 iunie 2020
Les œuvres de l’artiste Lina Stern, tout comme ses projets d’art, peuvent être visionnés sur ses comptes Facebook, Instagram et sur son site personnel :
https://www.facebook.com/lina.stern1
https://www.facebook.com/asemic.linastern/
J’ai beaucoup aimé vous lire pour de nombreuses raisons : d’abord la l’amitié, la sincérité et la liberté que l’on ressent entre deux femmes, ce qui n’est pas courant là où je vis, en Provence. Ici on est plutôt dans des rapports d’affrontement de de compétition. Pareil pour les hommes d’ailleurs. Ensuite, j’ai aimé avoir quelques réponses aux questions que j’aurais pu poser à Lina. J’ai cependant aussi beaucoup aimé ressentir la part de mystère réccurent qui émane d’elle même lorsqu’elle s’ouvre complètement à son auditoire.
Continuez ainsi, vous êtes de belles et vraies amies.
Je me permets de vous embrasser
Bonjour, Serge !
Nous vous remercions infiniment pour votre très agréable présence, tout comme pour votre mot qui nous encourage vraiment.
Au plaisir d’avoir de vos nouvelles,
Artistiquement,
Marilena