Blues
Poèmes lus à la Rentrée de la Fleuvitude :

Lulli de Teiu, en train de lire ses poèmes, Chelles, 24 septembre 2016
Voyager en poésie… Du Congo au Danube
sur le bateau de la Fleuvitude
avec les Poètes de la Fleuvitude,
Chelles 2016
Ma jarre ancienne,
Cette gracieuse gardienne,
Reçoit encor les senteurs
De la terre si tant rêvée,
De ce si vieux toit nommé
Mon Afrique…
Apprends-moi
À mon frère Congolais
Sage Ba n’tou,
Sage Homme du Fleuve Kongo,
Toi qui acceptes, toi qui m’acceptes,
Apprends-moi le mystère du savoir,
Ton savoir qui allume la magie
Du tango de l’amour infini.
Sage Homme,
Sage Frère des rives Kongo,
Toi, qui as l’âge
De ton vieux continent,
Apprends-moi le secret du savoir,
Ton savoir-vivre en paix la sécheresse
Qui s’élève de l’harmattan.
Sage Homme du Fleuve Kongo,
Toi qui acceptes, toi qui m’acceptes,
Apprends-moi le mystère du savoir,
Ton savoir qui allume la magie
Du tango de l’amour infini.
Apprends-moi, sage Bemba,
Apprends-moi le secret du savoir,
Ton savoir-vivre en paix
Le tumulte de tes rides
Qui pardonnent au miroir
L’arrogance éphémère de l’histoire.
Sage Homme, sage Homme Ngala,
Toi qui acceptes, toi qui m’acceptes,
Apprends-moi le mystère du savoir,
Ton savoir qui allume la magie
Du tango de l’amour infini.
Sage Ba n’tou, Mongos
Yorubas ou Bena
Sage Homme des rives Kongo
Toi qui acceptes le maintenant
De la parole de mon cœur,
Apprends-moi le secret du savoir,
Ton savoir-vivre en paix
Les ténèbres de la lumière.
Métro ligne 2, à 17h10, Paris, mardi le 5 avril 2011
Poème lu à l’Institut Culturel Roumain de Paris, octobre 2011, et à la Maison de la Poésie, lors du « Marché de la Poésie », Paris juin 2014
Le rouge-noir des cerises
Nous sommes si bien ensemble,
Et tu veux t’en aller
À la saison des cerises
Belles comme les perles
Sous le soleil du mois de mai…
« Pourquoi ? », je te demande,
« Je suis Nègre », tu me réponds…
J’aime notre jeu,
Guettant à la gare de Lyon
Le train qui t’amène, t’emporte…
J’attends que tu descendes
Pour me serrer dans tes bras,
J’attends fêter avec toi
La journée des cerises,
Mais tu veux abjurer
Notre rencontre !
« Pourquoi ? », je te demande,
« Je suis Nègre », tu me réponds,
Je ne veux ni même comprendre
Un monde qui accepte nier
Les couleurs de la peau
De mon amoureux.
Nous sommes si bien ensemble
Et toi, mon unique perle noire,
Tu t’en vas ! Pourquoi ?
Tu as beau me serrer dans tes bras,
Mais tu veux déserter notre rêve…
« Pourquoi ? » je te demande,
« Je suis Nègre », tu me réponds…
Contemplant la beauté boucanée
De ta peau aux couleurs des cerises,
Je vois l’homme pieux et juste,
Que je le veux le mien.
Nous sommes si bien ensemble
Et toi, mon unique perle noire,
Tu t’en vas ! Pourquoi ?
Comment te le dire encore ?
J’aime le café de ta peau
Riche de noblesse,
Où brille espiègle
La joie de la lumière.
« Pourquoi ? » je te demande,
« Je suis Nègre », tu me réponds…
Cette douce ébène
Au goût rouge-noir
Des cerises en mai,
Ces perles célébrées
Depuis l’antiquité.
Nous sommes tellement bien ensemble !
Et toi, tu veux t’en aller…
« Pourquoi ? », je te demande,
« Je suis Nègre », me réponds-tu,
Et dans l’abîme de tes yeux
On sent la chute du paradis.
Nous sommes si bien ensemble
Et toi, mon unique perle noire,
Tu t’en vas ! Pourquoi ?
Je ne prends pas au sérieux
Ta réponse qui ignore
La joie de partager ensemble
Le goût rouge-noir des cerises
Comme les perles brunies.
Heureuse je le suis à l’approche du train
Qui t’amène si près de moi, pour sentir
La douceur des couleurs des cerises
Belles comme les perles sous le soleil de mai.
C’est la fête de la perle rouge
Aujourd’hui, chéri,
Nous sommes si bien ensemble
Et toi, mon unique perle noire,
Tu t’en vas !
Pourquoi ?
Paris, le 14 mai 2011